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L'ARAIGNÉE

Lever 8h, 8H10 boulot,
Le temps d’passer du lit au bureau,
Café fumant, regard fuyant,
Je suis planté devant mon écran.

Je saisis, j’entre
Des chiffres dans des tableaux,
Je copie-colle
Des cases dans des diapos

Bien aligné
Sinon faut recommencer
Bien présenté
Le client doit acheter

Je clique, je tape
Je tape, je clique
Je clique, je tape
Je tape, je clique

Je me demande parfois
Si ce serait pas moi
Le nouveau poinçonneur des lilas

Tous araignées, 
Tous araignées.

Araignée mécanique
Consultant famélique
Mes bras agissent,
Mes pensées s’embrunissent
Des idées noires
s’immiscent
Envahissent mes coulisses
Les ordres glissent, glissent,
Glissent sur moi
Et laissent une trace, sale,
Dégrade l’amour de soi
Et j’accepte, 
La subordination,
Et m’encrasse, 
Pour quelques biftons,

Tous araignées, 
Tous araignées.

Lever 5h, 7h10 boulot,
Le temps d’venir jusqu’à l’entrepôt
Les mains glacées, le col remonté
Je suis planté devant ma rangée

Je prends, je hisse
Des roues sur des chariots
Je visse, je tourne
Des disques sur des poteaux

Bien alignés,
Sinon faut recommencer,
Pas d’arrêter,
Ou le chef va gueuler,

Je visse, je tourne
Je tourne, je visse
Je visse, je tourne
Je tourne, je visse

Je me demande parfois
Si ce serait pas moi
La machine de cete usine là.

Tous araignées, 
Tous araignées.

Ouvrier famélique,
Araignée mécanique,
Mon dos s’affaisse,
Mes pensées disparaissent,
Des idées noires s’y dressent,
Décuplent mes faiblesses,
Les rouages tournent, tournent
Tournent sans cesse
Laissent un mot, stress,
Et un goût de détresse,
Je subis, 
la subordination,
Et m’encrasse,
pour quelques biftons.

Tous araignées, même combat !
Tous araignées, même combat !

On est tous araignées,
On est tous ouvriers
D’une portion de textile,
D’une gigantesque toile,
Sans fin, un voile,
Dont nous ne connaissons,
Qu’une infime portion,
En rêvant de demain,
A notre part du butin,
A nos futurs désirs,
Sans jamais les saisir,
Aux projets à venir,
Sans jamais les finir.

Prédateurs incertains,
Voulant non se nourrir,
Mais bien se conquérir
Entre elles, pour nourrir,
De cris et de rires,
De violences et de peines,
Leur égo-abdomen

Les grosses agissent
Et les petites subissent
Mais quand viendra le temps où elles s’unissent ? 

Si les petites s’unissaient,
Sûres qu’elles les auraient,
Elles tissent pour le moment,
En regardant leur reflet,

Si les petites s’unissaient,
Sûres qu’elles les auraient,
N’est-ce pas qu’en pratique,
Il n’y a que les petites qui piquent ?

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