Sur la plaine de mon village
Des cimes aux pieds des arbres
Les fleuves se faufilent
filent l’eau file
Moi mon cours reste aride
Et village se demande
Si je suis encore fleuve.
Sur la plaine de mon village
Des cimes aux pieds des arbres
Les fleuves de femme filent
filent l’eau vite
Moi mon cours reste aride
Jamais n’y passera l’eau vive
Sur mes pierres aménorrhées
Coule le soleil d’été
Eux
Ils s’affairent
Ils essayent
De relancer mes flots
File l’eau file l’eau
Marteaux pioche puits médecine
Hommes dessinent hommes s’échinent
Sur mes pierres aménorrhées
Rien à faire
J’ai singé leurs cascades
Imité leurs rivières
Pour comme elles un jour leur plaire
Comme elles finir en mer
Mais sec toujours reste mon cours
Et sur mes pierres aménorrhées
Il n’y a que soleil qui coule
J’peux pas leur offrir
Aux hommes cette eau fertile
ce flot qui file
filent l’eau file
Et face à ce sec grimpe la honte
Honte et peur, peur et ronces
Sur mes pierres aménorrhées
Je laisse la garrigue pousser
Et ils sont partis.
Blottie à l’ombre de mon buisson d’épines
Dans le calme enfin,
Mon cours aride j’ai accepté
Et lentement, là dans mon corps
Lentement, s’est débloqué un léger filet de rimes.
Sur la plaine de mon village
Des buttes aux pieds des arbres
Moi aussi je me faufile
Car en moi
coulent les rimes
File les rimes file les rimes
Malgré corps moi dans mon âme
Je suis fleuve je suis femme
Quoi qu’ils disent moi je l’affirme
Je suis fleuve et je suis femme.